Toi, l’internaute qui use le bout de tes doigts sur des petites touches de plastique et tes yeux sur l’écran parfois très petit de ton computer ou de ta tablette insipides, sache qu’il existe encore un objet sensuel au toucher, à la vue et même à l’odeur et à l’ouïe dont la diffusion en masse fut une véritable révolution grâce au génie de Gutenberg et qu’on appelle livre ou journal ou encore revue composés de papier qui dégage parfois une agréable odeur; celle-ci, comme le vin, changeant et bonifiant avec l’âge. Le computer, lui, est encore plus puissant mais il n’a pas d’odeur et il ne bonifie vraiment pas.
IN VINO, revue sereine et saisonnière
Au même titre qu’il existe des vins rares, la revue IN VINO est une revue rare, un livre à lire. On ne la trouve ni en kiosque ni en librairie. Elle ne s’achète que par correspondance chez l’éditeur qui vend des livres en ligne, Les éditions de la Baie. Elle fait partie de ce qu’on appelle « les belles revues » et même « les beaux livres » à la présentation soignée. Elle est saisonnière car trimestrielle. Elle est sereine enfin car elle nous emmène en balade tranquille et buissonnière dans les vignobles en compagnie de trois membres d’équipage : J. Maigne, reporter et écrivain ; A. Bosc, sommelier conseil et B. Doan qui assure la conception graphique et les photos. Cette équipe voyage sans calcul, indépendante et libre, sans esprit de jugement ou de critique, allergique aux distributions de prix ou d’étoiles. Elle choisit une région viticole pour chaque publication et chemine de domaines en restaurants et chambres d’hôtes. On croirait presque qu’ils se sont arrêtés au hasard du chemin, au feeling, invités à l’improviste. A chaque escale, on sent l’intention de faire découvrir l’esprit du lieu et la volonté d’entrer en empathie avec les personnes rencontrées ; presque de la confidence.
Le résultat est une belle revue avec des photos soignées et des dessins à la manière des carnets de voyage qui en accentue le côté vagabond. Une petite dizaine de vignerons et vigneronnes sont visités à chaque numéro. Les dégustations s’accompagnent souvent d’un bon repas, on croirait presque qu’on leur a proposé : « Vous resterez bien manger avec nous ?« . On quitte la lecture repus.
Chez les vignerons choisis, le respect du terroir est de règle et le bio est souvent à l’honneur.
Le dernier numéro, le n°8, est consacré aux Corbières et au Minervois, terres âpres et rudes, de cailloux, de montagnes, de soleil et de vent qui fleurent bon l’Occitan, souvenirs des parfaits Cathares. Terres de bien manger et de bien boire. Terres à l’histoire viticole mouvementée qui est parvenue à la qualité.
Le prochain numéro sera consacré au Jura. Il est possible de se procurer d’anciens numéros sur le site internet.
Pour finir, ce qui ne gâche rien, IN VINO est une revue sans publicité donc totalement esthétique. Elle est éditée par une petite maison d’édition située à Nîmes.
Le Rouge et le Blanc, revue trimestrielle libre de toute publicité
C’est une revue trimestrielle qui existe depuis 30 ans, sans publicité ni sponsoring (bravo!); de présentation très sobre, les photos sont en noir et blanc. Cette revue s’est positionnée en faveur du vin sain, développe un point de vue critique sur tout ce qui affaiblit le terroir et donc s’intéresse à la culture biologique et la biodynamie sans exclusif.
Dans le numéro du printemps 2014 : Champagne terroirs et nouvelle génération, Thomas Picot (Chablis), la minéralité dans le vin, le Saumur blanc, Jura-génération verte, 30 ans-30 jeunes vignerons.
Cependant, Le Rouge et le Blanc est assez difficile à trouver. A Nantes, aller chez les cavistes Rouge bouteille et les Carafés.
On peut aussi visiter le site pour avoir un avant goût: http://lerougeetleblanc.com
LES IGNORANTS, récit d’une initiation croisée, Étienne Davodeau, Futuropolis, 2011
Étienne Davodeau est auteur de bandes dessinées, il ne sait pas grand chose du monde du vin. Richard Leroy est vigneron en coteaux du Layon mais hors appellation ; il cultive en bio et pratique la biodynamie pour obtenir des chenins de grande qualité. Mais il n’y connait rien à la bande dessinée. Cet ouvrage est un parcours où chacun fait découvrir son métier à l’autre. C’est le joyeux récit de cette initiation croisée que nous propose Les Ignorants.
MIMI, FIFI, GLOUGLOU, petit traité de dégustation, Michel Tolmer, éditions de l’épure, 2013
Une BD humoristique. Mimi, Fifi et Glouglou boivent tout le temps. Pour eux, la dégustation est une passion qui l’emporte sur tout. Gouter les vins, les comparer et surtout reconnaître un vin à l’aveugle. Mais cet exercice réserve bien des déceptions. Ils vont faire preuve d’ignorance, de mauvaise foi, connaître l’échec mais rien ne les découragera. Un dessin très épuré.
CHRONIQUES DE LA VIGNE conversation avec mon grand-père, Fred Bernard, Glénat, 2013
Fred Bernard est auteur, illustrateur et créateur de bandes dessinées. Il a passé son enfance à Savigny les Beaune parmi les caisses de bouteilles et a joué dans les caves de son grand-père vigneron. Le plaisir du vin ne l’a jamais quitté. Il traduit avec humour cette passion en histoires courtes. Il se dégage de cet ouvrage une véritable empathie pour les gens. Bandes dessinées en tons aquarellés.
LE VIN ET LES JOURS, Émile Peynaud, Dunod, 2012
Émile Peynaud était un célèbre œnologue du Bordelais surnommé le père de l’œnologie moderne. Dans cet ouvrage, il revient sur son cheminement au cours de sa carrière ; il raconte aussi l’histoire de la vinification. En la matière, le passé n’était pas aussi rose et nous avons tendance à l’enjoliver alors que les réussites étaient souvent le fruit du hasard jusqu’à Pasteur. Il nous apprend que faire du bon vin est le résultat de longues recherches en laboratoire afin de maîtriser de façon régulière tous les paramètres de la vinification. Livre technique, certes, mais Émile Peynaud a su y introduire sa passion pour le bon vin en y ajoutant de la poésie.
LA FACE CACHÉE DU VIN, Laurent Baraou et Monsieur Septime, Bourin édition, 2013
Septime et Baraou nous dévoilent le monde du vin, véritable industrie où sévit une concurrence impitoyable ; depuis les grands domaines rachetés par les magnats internationaux en passant par les marques de vin, les grandes surfaces et le battage médiatique peu honnête de certaines revues et guides. tout cela au détriment de la terre, de la biodiversité et du vin lui même qui devient un produit technologique, uniforme mais attirant par de nombreuses opérations de marketing. Même si c’est un progrès, ils émettent des doutes sur certains « vins issus de l’agriculture biologique » qui, au final, subissent des transformations pour qu’ils puissent se conserver à la lumière crue des linéaires des supermarchés.
C’est un livre bien construit qui part d’un constat historique au niveau de l’agriculture en général pour analyser ensuite la filière viticole. De la terre à la bouteille, rien n’a été occulté. Mais puisque les auteurs sont grands amateurs et dégustateurs de vins, ils terminent par une note d’optimisme : la prise de conscience toujours croissante de vignerons et vigneronnes qui se distinguent par la mise en valeur de leur terroir et de la typicité de leurs produits. Un livre décapant au vinaigre (bio), sans langue de bois, qu’il faut lire si vous n’êtes pas des buveurs d’étiquettes.
POÈTES DU VIN, POÈTES DIVINS, Kilien Stengel, Écritures, 2012
Une anthologie des plus beaux poèmes, de Virgile à Aragon. Le vin est un nectar de haute culture. Les poètes n’ont cessé de louer la boissons des dieux, de chanter leur défiance à l’eau et la joie de vivre à l’ombre de la treille. Ce florilège comprend environ cent trente poètes qui ont écrit sur le vin, Grecs, Romains, Français mais aussi, Iraniens, Chinois, Égyptiens… Cela donne envie d’un enregistrement accompagné d’une belle musique.
LE GUIDE DE L’ALTER-VIN, Bourin-éditeur, 2012
Ce guide porte bien son nom : l’autre vin. Tout d’abord, il se distingue des autres guides par le nombre de vignerons et de vigneronnes sélectionnés : seulement 133. Ici, point de grands châteaux bordelais classés, point de grands négociants éleveurs bourguignons, point de vins à la botte de critiques américains, point de vins stéréotypés prompts à répondre à un besoin du consommateur créé de toute pièce ; une autre viticulture respectueuse de la vigne et de la terre ; des vignerons et vigneronnes qui savent raconter les saisons, leur terroir, leur vinification, leurs vins. Cet ouvrage, c’est un peu le Salon des Refusés car on y trouve même des Vins de Table. Bonum Vinum a puisé dans ce guide quelques adresses pour réaliser ses enregistrements.
Les auteurs : Monsieur Septime, spécialiste de la formation pour adultes dans une autre vie, passionné de vins et de ceux qui le font ; Laurent Baraou, issu du commerce et du management, il réalise aujourd’hui un rêve, celui de travailler pour la promotion du bien manger et du bien vivre. Septime et Baraou sont des dénicheurs de vins. Ils ont publié, en 2010, La face cachée du vin. Bonum Vinum en reparlera.
LES CAHIERS DE SCIENCE ET VIE, oct. 2013, Aux sources du vin et de l’ivresse
Vous y trouverez une interview de Jean Robert Pitte, géographe et spécialiste de l’histoire du vin, les origines du vin, comment on est passé d’un art plutôt aléatoire à une science grâce aux découvertes de la chimie, la place que tient le vin au cours des siècles et ses rôles politique et économique jusqu’à nos jours en France et dans diverses parties du monde.
A lire sans modération
LE VIN LIGÉRIEN, magazine trimestriel qui, comme son nom l’indique, est consacré aux vins de Loire et il y en a beaucoup de Nantes à Pouilly.
Ce magazine se présente ainsi: « il propose aux lecteurs d’aller à la découverte de ce vignoble au travers de celles et ceux qui le font. Comment aimer les vins, en effet, sans connaître mieux ceux qui sont tous les jours à la vigne et à la cave? » C’est tout à fait ce que pense Bonum Vinum. Disponible dans les bons kiosques le long de la Loire et sur abonnement sur le site: qui est aussi intéressant à visiter.
TERRE DE VIGNES Charles Frankel, Points sciences, SEUIL
Lorsqu’on randonne dans un vignoble, on est étonné par la quantité de cailloux, de pierres, de graviers, parfois de fossiles. La teinte de la terre peut varier d’une parcelle à l’autre. De nombreux vignerons vinifient leurs vins dans des cuvées séparées en fonction de la nature du sol qui détermine les arômes, les saveurs, la texture des vins.
Charles Frankel est géologue et nous initie à tout cela à travers l’histoire géologique et chronologique de la France entière et plus particulièrement de certaines régions viticoles. Il illustre son propos par la visite de vignobles et la dégustation de leurs vins. Livre très abordable et très digeste pour le profane. A lire sans modération.