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Des vignerons aux vins rares 9 : le domaine de Beudon en Suisse
Des vins suisses découverts et dégustés au salon de la Renaissance des appellations le 15 juin dernier à Bordeaux.
Le domaine de Beudon, c’est d’abord Marion et Jacques Granges qui cultivent ce vignoble depuis 1971 dans la région des vins du Valais. Des visages qui attirent l’empathie et la sérénité ; un accent suisse qui traîne avec une pointe d’humour dans le discours ; une force tranquille. Mais l’homme au béret nous a quittés, victime d’un accident dans son vignoble en juin dernier.
Beudon, des vignes dans le ciel
Le domaine de Beudon, c’est ensuite un terroir situé à Fully surplombant la vallée du Rhône naissant, un pays de montagne, une terre curieusement chaude et sèche (on y fait pousser beaucoup d’abricotiers et d’amandiers). Marion et Jacques cultivent sur trois niveaux : des fruitiers, des herbes médicinales et aromatiques, des légumes dans la plaine ; de la vigne sur le premier coteau ; quant à l’étage supérieur situé sur un plateau entre 740 et 890 mètres d’altitude, il faut l’atteindre par un petit téléphérique privé ou par des sentiers escarpés, c’est ici le domaine de Beudon proprement dit : 7 hectares de vigne plantés parmi les arbres et avec un enherbement complet, des fleurs indigènes pratiquement toute l’année, très peu ou rien s’il y a de la neige en décembre, janvier, février, mais beaucoup de mars à novembre. Beudon est aussi l’endroit le plus riche en espèce de papillons en Suisse. Un tel domaine, une telle richesse sont le fruit d’une agriculture adaptée ; Marion et Jacques sont passés peu à peu à l’agriculture biologique et ensuite à la biodynamie en 1992. Les jus sont fermentés avec les levures indigènes du raisin. Tout cela donne selon Marion et Jacques des vins moins alcoolisés, plus équilibrés et de bonne conservation.
Les vins de Beudon sont élevés environ une année en cuve inox sur lies fines. un minimum de soufre est utilisé. Parmi les cuvées élaborées, certaines sont issus de cépages originaux.
Le Gamaret est un cépage issu d’un croisement entre le Gamay noir et le Reichensteiner ; initialement conçu pour donner de la couleur aux vins d’assemblage, le Gamaret s’avère excellent seul. Très coloré, dense, corsé, riche en tannins, il développe alors en bouche des arômes de fruits noirs sur des tannins au grain légèrement relevé. Il est cultivé à 700 m d’altitude et produit à 30 hl/ha.
Le Diolinoir est un croisement obtenu en 1970 de rouge de Diolly et de Pinot noir entrant dans la composition de la cuvée Constellation. Un vin fruité et d’une belle fraîcheur.
Il y a aussi la fameuse Petite Arvine, cépage typique du Valais, vin liquoreux, vendangé en pourriture noble parfois sous la neige. Une belle matière vineuse, soutenue par une forte vivacité et une touche finement salée, véritable signature de la Petite Arvine.
Quant au Fendant (chasselas), il n’est pas un simple vin de soif à Beudon. Ici, on n’en récolte que 30hl/ha, il est donc bien plus concentré que ceux produits habituellement en grande quantité. Du fruit, rien que du fruit…
Pour conclure en clin d’oeil, citons le slogan des Granges : Buvez du bio, buvez du bon , buvez du Beudon !
Jacques Granges nous a quittés en juin 2016, victime d’un accident dans ses vignes