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Le Berligou, un cépage rare au pays du Muscadet
Qu’est-ce que le Berligou ?
Selon le dictionnaire des cépages de Pierre Galet, le « Berligou ou Berligout est un cépage rare dont la dénomination originelle est Berkovsko Tcherno ; c’est un cépage de cuve noir de Russie avec des grappes moyennes à grandes, coniques, des baies moyennes, ellipsoïdes, bleu foncé. » Ce serait une déclinaison du Pinot noir. En Loire Atlantique, on le nomme le Berligou.
Le domaine Poiron-Dabin et la renaissance du Berligou
Le domaine Poiron-Dabin se situe à Château-Thébaud au cœur de l’appellation Muscadet de Sèvre et Maine. Château-Thébaud attend dans les prochains mois sa dénomination en cru communal afin de montrer la singularité et la variété des terroirs du Muscadet. « Nous surprendre pour vous surprendre », telle est la devise des frères Poiron et qui les a amenés à réhabiliter ce cépage rare (très rare) qu’est le Berligou.
L’histoire d’un cépage rare : il était une fois Le Berligou…
Jean Michel Poiron met tout son enthousiasme et son énergie à raconter l’histoire de ce vin rare.
En 1460, le territoire de l’actuelle France est divisé en 3 : François II, duc de Bretagne, Charles Le Téméraire, duc de Bourgogne et Louis XI, roi de France. Charles et François s’allient contre Louis XI. Charles offre à François le Berligou, un cépage bourguignon. Il sera planté sur 4 à 5 ha à Couéron au nord-ouest de Nantes et, curieusement, à Batz sur mer près de Guérande. Anne, la fille de François II, se marie avec Charles VIII puis avec Louis XII et devient reine de France. Elle exigea qu’on serve son Berligou à Orléans, à Blois et à Langeais.
En 1598, Henri IV vient à Nantes pour la signature de son fameux Édit de tolérance. On lui sert du Berligou et il aurait dit : « Diantre, que c’est bon, Ventre-saint-gris, les ducs de Bretagne n’étaient pas de petits compagnons ! ». Le vin monte alors au château du Louvre et sera connu jusqu’à Strasbourg.
Louis XIV le fera connaître à Versailles.
Le déclin du Berligou
Ce vin étant réservé à une élite, les plantations seront mises à sac avec la Révolution. En 1930, le comte de Camiran et Joseph Picot, pépiniériste à St Fiacre S/Maine (autre cru du Muscadet) découvrent la friche à Couéron. Le pépiniériste greffe 177 ceps… et un peu plus ; le comte plante des ceps de Muscadet ainsi que ces pieds de Berligou. En 1940, il part à la guerre et délègue ses plantations à un chef de culture autrichien ayant fui le nazisme ; celui-ci, arrache les plants de Berligou croyant que c’était du Melon de Bourgogne dégénéré. Est-ce la fin du Berligou ?
Un heureux dénouement
Mais le « un peu plus » dont il s’est agi plus haut a été conservé par le pépiniériste pour 5 plants ; Jean Yves, le fils de Joseph, les a multipliés en 170 plants. En 1993, Jean Michel Poiron prend contact avec Jean Yves Picot pour cultiver ce cépage noble et résistant. Une association, le G12, est créée ; elle délègue une recherche ampélographique. En 2001, le Berligou est reconnu comme cépage rare. Le Berligou est sauvé !
La Renaissance d’un vin rare
En 2011, le domaine Poiron-Dabin plante 1,5 ha de Berligou. Les premières grappes sont vendangées en 2014 et font la fierté de Jean Michel et Laurent. Leur Berligou fermente sur ses levures naturelles et bénéficie d’une longue macération. Il est élevé 6 mois en cuve verrée puis pendant 12 mois en fûts de chêne breton des forêts de Brocéliande et du Gâvre (44) (comme l’aurait probablement commandé François II) fabriqués chez un tonnelier de Douarnenez. Les rendements sont modérés : 35 hl/ha.
La cuvée de Berligou 2016 sera mise en vente le 15 juin 2016 et sera l’occasion d’une fête. Il est vendu uniquement à la propriété. On le trouve cependant dans quelques rares restaurants.
La dégustation
- Berligou pétillant, 18 mois sur lattes, le Champagne breton, très vineux avec une faible acidité.
- Berligou rosé 2016, charnu, gras, belle tension.
- Berligou rouge 2016 tiré de la cuve, des arômes de plantes de garrigue, une belle longueur avec des tannins fondus.
- Berligou rouge 2015 sur la cerise confite, une belle finesse, un bel équilibre et toujours des tannins fins, un vin original qui peu être bu mais il serait dommage de ne pas l’attendre encore.
Domaine Poiron Dabin Château-Thébaud
Le domaine Poiron Dabin est membre des Vignes de Nantes
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