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Insecticide mon amour, un documentaire de Guillaume Bodin
Un très bon documentaire sur le vin et la vigne
Nous connaissions Guillaume Bodin par son premier beau film sur le vin « La clef des terroirs » dans lequel il nous faisait part de ses émotions à la vue des somptueux vignobles cultivés en biodynamie ; on se souvient encore des gestes augustes des Bret Brothers épandant la silice au lever du jour, des pas feutrés et de l’intimité des caves bourguignonnes. Guillaume nous a passionné par les discours de Pierre Masson, de Claude et Lydia Bourguignon. « Insecticide mon amour », c’est un autre discours, une alerte suite à l’affaire de la cicadelle vecteur de la flavescence dorée.Après son premier film sur le vin, Guillaume fait l’expérience d’être ouvrier viticole en Saône et Loire. Il a dû faire face à ses convictions profondes de pouvoir produire du vin en harmonie complète avec la nature. A ce moment-là, un arrêté préfectoral oblige les viticulteurs à trois traitements contre la cicadelle, insecte vecteur de la flavescence dorée (maladie qui peut être mortelle pour le cep) alors que certaines vignes ne présentaient aucun symptôme. Guillaume était présent lors des épandages et a connu des saignements de nez et des maux de tête. Alors, il a quitté son travail et a repris la caméra et le micro pour enquêter sur une question simple au départ : « Qui avait pris la décision de traiter ? Car si nous étions tous victimes des pesticides, c’est avant tout à cause de l’arrêté préfectoral qui, pour ma part, ne prenait pas en considération les risques sur la santé et l’environnement provoqué par ces pesticides. » Et son corollaire : comment en est-on arrivé à créer une véritable peur de cet insecte chez les vignerons de Saône et Loire et de Côte d’or?
L’enquête est exhaustive à partir d’entretiens avec Emmanuel Giboulot et Thibault Liger Belair, les principaux opposants aux traitements mais aussi avec Alec Seysses, vigneron, Claude et Lydia Bourguignon, microbiologistes des sols, Jean Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, Pierre Masson, conseiller en biodynamie entre autres. Il est allé enquêter en Suisse où l’appréhension du problème est différente. Pour compléter sa recherche, il nous présente des extraits de documentaires datant de 1946, 1964 et 1982 prévenant déjà des dangers des insecticides et des témoignages d’ouvriers viticoles victimes des pesticides.
Un remarquable travail d’investigation. Le tout avec le talent habituel du jeune cinéaste qui promène sa caméra en Saône et Loire et nous offre des panoramas de la roche de Solutré et de magnifiques gros plans comme il a su si bien le faire dans « La clef des terroirs » car si le sujet est grave, Guillaume sait y ajouter de l’art et de la poésie.
Un documentaire sur le vin à ne pas manquer et à soutenir car il est auto-produit, accessible pour la modique somme de 1 €. Bande annonce et lien pour acheter et visionner : https://www.youtube.com/watch?v=qNfH84y3YEg